« Tous pour un »

Option Auto n°271 (Décembre 2024 / Janvier 2025)

Chateaubriand, j’aime bien… Autant la pièce idéalement située -entre le tournedos et le filet de bœuf- que l’écrivain malouin. Les deux sont tendres et leur dégustation une porte ouverte sur le romantisme. J’ajoute que si le François-René était connu pour sa mansuétude, je me sens d’un autre temps et deviens étranger à celui-ci au point, parfois, de me convaincre que m’isoler confinerait à la sagesse. « On ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, vu le grand nombre de nécessiteux. » Le pépère avait oublié d’être idiot et si je partage l’analyse, je n’ai pas son pouvoir de pardon. Plus les années passent, moins de tolère. Alors que dans le même temps, je laisse filer plus qu’à mon tour ! Si cette maturité nouvelle me semble aussi rafraîchissante, c’est aussi parce que la sagesse tant attendue s’accompagne donc de relents de schizophrénie ?! En un mot comme en cent, je me fous de presque tout mais j’apprécie qu’on ne vienne plus trop tester mes limites. Comme vous sans doute, je me suis fait à l’inconséquence doublée d’aplomb de celles et ceux qui nous pourrissent la vie mais pour autant, une goutte d’eau aura tôt fait de me fâcher tout rouge. Exemple de circonstance ? Le malus qui atteindra bientôt le PIB du Burundi est annoncé pour culminer à 90 000 € dans trois ans, mais qu’importe, à 20 000 €, l’état m’avait déjà titillé l’inconfort. Qu’il soit généralisé aux véhicules d’occasion par contre, risque de me voir sortir de ma zone d’étanchéité. Multiplier les FPS transmis par des sociétés privées qui ne différencient pas livraisons et parkings, soit, mais passer le stationnement au prix d’un repas étoilé, je pestouille.

Continuer à augmenter le coût de nos voitures neuves, à ce titre, aurait pu me passer sur l’échine sans qu’elle courbe sauf à lire que les taux d’intérêt pour les financer -forcément, l’achat comptant devient rare…- grimperaient en flèche. Le summum de la mauvaise foi ? Tenter de faire passer Chateaubriand pour un bonapartiste au 19e ou de nos jours, augmenter les impôts dans l’espoir de réduire la dette. Prendre aux sociétés alors qu’on enregistre le plus grand nombre de liquidations depuis des lustres, ou la mutation discrète du « quoi qu’il en coûte » princier et salvateur en quoi qu’il en coûte » vengeur, surtout quand il est trop tard. On a donné à chacun mais visiblement, pas à tous. Et c’est à la plupart qu’on va reprendre le plus, l’égalité prévalant toujours chez les inégaux. J’ai très envie de me faire une pièce de bœuf -je sens les végans aller se faire cuire un œuf… Ah ben non, peuvent pas !- mais pas de culpabiliser en la dégustant, et si je préfère connaître le prénom de son propriétaire pour l’avoir vu courir après sa maman dans un champ de bruyère callune, je tique à l’idée qu’on m’oblige à aller la chercher sur place pour ne pas la payer le prix de l’once d’or.

Faut-il que nous inversions l’exode de nos parents et délocalisions la Capitale dans le Perche ou la Bretagne pour comprendre que le pigeon finira par y élire à son tour domicile ? Ne pourrait-on pas admettre en groupe, plutôt que nous faire infuser par des con-sidérants étrangers à nos réalités passionnelles -plus ils revendiquent ladite proximité, plus leur intolérance à l’autre assoit leur incapacité chronique à vivre ensemble- des idées fumeuses qui nous valent la raillerie internationale ? En 2025, nous passerons peut-être au régime grec et nos cousins d’Europe dont on élisait il y a peu l’ouzo comme seul fait d’armes pourront se moquer à leur tour. Au pays de la quiche, nous sommes les rois et d’ailleurs, personne ne nous dispute ce droit inaliénable. Tel qu’annoncé, je réitère : la maîtrise de soi l’emporte sur l’auto-conviction et le refus du réel. Donc vous pourrez choisir le verre à moitié (mouais, au quart !) plein plutôt que l’amphore vide. Vous dire que Noël arrive et que si le foie gras est végétal, il sera toujours meilleur partagé. Vous convaincre que la voiture de demain sera électrique (là aussi, on parle proportions ?), mais déguster les ICE, PHEV et hybrides en tous genres essayées dans les pages qui suivent. Du cabriolet qui décoiffe, du coupé qui enchante, du SUV (permis de tuer, on sait !) qui rassemble et de la sportive qui embellit. Si la musique adoucit les mœurs, nos mœurs ternissent mon quotidien. Que je veux conserver, pour les miens et pour vous tous, passionné(e)s et fidèles, aussi léger que possible même si vous le savez lourd. Auto, moto, horlo, gastro : trouver du beau n’est plus un luxe mais une obligation. Ce nouveau souffle est vital, en profiter ensemble le défi de demain.
Frédéric Lardenois
 

>> Lire le sommaire