MARS ATTACKS

Option Auto n°273 (Avril / Mai 2025)

Le mois de mars, c’est pas loin d’être mon préféré. Et si vous me rétorquez que sur les douze il a bien fallu que j’en choisisse un, je vous réponds que j’ai plusieurs arguments-massues. Les plus fidèles d’entre vous le savent déjà, c’est mon mois. Comprenez de naissance, celui au cours duquel, il y a pas mal d’années (une dame ne donne pas son âge et par respect pour la parité, moi non plus), ma maman a été ouverte en deux -de bas en haut, à l’ancienne- pour extraire un parpaing de presque 5 kg. Autre élément contributif à ma satisfaction, nous bouclons ce soir mais je suis né demain… C’est décousu, raconté pêle-mêle ? Soyez donc à ce qu’on vous dit : en substance, je ne passerai pas mon anniversaire à la rédaction, un paquet de Bastogne pour seul gâteau (vous avez essayé d’y planter des bougies ?!), devant un écran Apple avec pour compagnie exclusive ma souris -à défaut de pépée. Dans 24 h montre en main, je quitterai Courbevoie sur mon cheval de feu et pourrai aller m’en jeter un en famille pour la première fois depuis belle lurette, aux dernières lueurs du jour. Ce qui m’amène à l’une des raisons décisives du postulat initial : les jours rallongent sévère. Et moi, comme les tournesol, j’ai besoin que Marcel me dore la tranche, fut-ce à l’unilatérale tel un thon germon sur le retour. La luminothérapie, bande de néophytes mécréants circonspects et dubitatifs (dans cet ordre), ça fonctionne et pour preuve, on est plus souriant sur une plage ensoleillée que dans le sous-sol d’un bunker moldave pendant le solstice d’hiver.

Quand le soleil se couche tard, vous vous calquez sur son rythme. Décalez vos activités. Tirez sur la soirée pour profiter de ses dernières irisations, même à travers la brume polluée des cieux métropolitains. Même combat le matin : il fait jour tôt. Partir bosser aux premières lueurs, légère rosée en prime, vous met du baume au cœur quand l’aller-retour au boulot dans le noir vous relègue au rang de galérien des temps modernes sur fond de coups de klaxon. Last but not least, les arbres bourgeonnent. Le temps s’adoucit. On remise le col camionneur sous vide à la cave, range ses Galibier dans leur boîte d’hivernage et pour conjurer le sort à mesure que les jupes raccourcissent, s’autorise à ressortir les chinos en lieu et place des velours côtelés. En un mot comme en cent : la vie reprend. La vraie, celle qui vaut vraiment d’être vécue, au cours de laquelle vous voyez ce qui vous entoure après vous être contenté de le subir. Quand le printemps arrive, j’ai envie de participer à l’action. De l’écrire, de la vivre, de me bouger le popotin plutôt que le laisser choir devant une énième série finissant en eau de boudin (parce que tous ceux qui écrivent, c’est bien connu, vivent le point final comme une petite mort).

D’imaginer les deux mois qui viennent comme des tremplins vers un été plein de promesses. De repos, à coup sûr, puisque le dernier est déjà loin. De projets, parce qu’il nous en faut pour qu’on vous les transmette. De mauvaise humeur par contre, peu de restes. Mes acolytes vous diront que l’embellie est passagère et par principe, pour leur donner raison, leur proposerai simplement d’aller se faire rôtir le c… Mais à dire vrai, je n’ai sincèrement pas envie de commenter ce qui d’habitude me rend mordant. Plus tempérée qu’acerbe, la plume glisse sur la ouate sans trébucher sur la cellulose. Pas de méprise, une partie de mes neurones bout sur un feu, tout au coin du piano de cuisson, tel le comité de surveillance parental à l’affût de la bêtise programmée. La cote des Tesla qui s’effondre par la faute d’un président volubile sur les exactions débilifiantes de politicards autophobes. La loi de finances passée en retard -et en force- avec un malus au poids dont on imagine qu’il pourrait à lui seul combler le budget d’une défense nationale qu’on nous promet durcie. L’électrique en berne, l’hybride en hausse et le diesel de retour. Les taux d’intérêt illisibles qui interfèrent sur tous les marchés. Le prix de l’essence qui baisse quand celui de l’énergie crève le plafond. Les FPS automatisés qui pleuvent comme la mousson sur Hanoï, le péage en flux libre qui me donne des poussées d’urticaire, le prix des autos qui baisse miraculeusement après des années de hausse incontrôlée… J’aurais pu vous parler de tout ça, en faire mes choux-gras, mais vais m’asseoir dessus. Et vous laisser découvrir notre vrai cadeau avant d’aller ouvrir le mien : ci-après des Rocket, des missiles, des fusées et des obus par dizaines, preuve qu’on peut se lancer sur le champ lexical militaire sans velléité d’y mener une bataille. Et qu’on n’a pas besoin de coloniser Mars pour profiter de ses bienfaits…
Frédéric Lardenois
 

>> Lire le sommaire