À vos souhaits…

Option Auto n°277 (Décembre 2025 / Janvier 2026)

J’ai envoyé un courrier à Rovaniemi. Un vrai, sur de la toile royale, écrit à la mimine et avec un joli timbre pour être sûr que ma lettre ne se perde pas dans la forêt finlandaise. Pas que je vote au rougeaud barbu et ventripotent une confiance aveugle, mais m’autorise à lui accorder plus de sincérité qu’à ceux qui par chez nous tiennent les rênes… J’ai donc fini, lassé de pédaler dans le lait de poule, par oublier la raison et choisi d’écouter mon cœur, me décidant à demander au seul qui semble disposé à m’entendre l’intégralité de ce à quoi je prétends pour l’année à venir. Pas de bonnes résolutions donc -puisqu’il est notoire qu’on nous exhorte à suivre celles des autres sans respecter les nôtres- que je m’échinerais à suivre aux premières lueurs de 2026. Des souhaits plutôt, que j’estime heureux de formuler alors que 2025 touche à sa fin pour en conjurer la médiocrité et ne jamais oublier sa troublante inconséquence… N’attendez pas que j’y aille uniquement de mes propres envies, lesquelles se résument souvent à quelques fines bulles sur un plateau de fromage partagé en famille. J’ai vu la Tomme et j’ai ri, vous dira l’affineur, quand moi j’ai peur pour mon Trou du Cru, refuse la compagnie des Lardus et réfute l’esprit des Spinosiens. Aussi ma liste est-elle dense, laborieuse, mais j’ose espérer pleine de bon sens. « Cher Père Noël, j’aimerais que le malus écologique change de nom et soit revu à la baisse ». Ce racket économique qui pourrait bien atteindre 100 000 € n’a qu’une conséquence, ralentir les marchés du neuf et très vite, de l’occasion.

J’aimerais que dans le même temps les constructeurs cessent d’augmenter leur prix pour compenser leurs méventes consécutives aux ponctions précitées : j’en ai marre de voir des compactes sportives affichées au prix d’un deux pièces à Limoges… Pour rester sur le même thème, j’aimerais que tu régules les prix du stationnement de nos grandes villes et vienne infuser un peu de raison dans le cerveau dysfonctionnel des mairies concernées. Entendre Paul Belmondo railler d’Anne Hidalgo sur les réseaux sociaux est amusant et confirme que donner le pouvoir aux incapables est hérétique, mais les faits sont là : 225 € pour 6 h de stationnement à Paris ou comment faire fuir les habitants à défaut de repousser les touristes. Une autre de mes envies ? Que tu te charges de veiller à la créativité des constructeurs : puiser dans son passé pour créer le présent n’est pas un cadeau, sauf pour ceux qui n’ont pas assez de bon sens pour s’inspirer des Chinois qui nous ont copié. Un autre truc qui me tiendrait à cœur ?

Vérifier que l’éducation ne saurait être un diplôme obtenu par correspondance et faire que la politesse, la bienveillance et la résilience l’emportent sur l’irresponsabilité : quand le paresseux redéfinit la notion d’éthique, que l’absence d’autonomie est une norme et que le manque de flexibilité confine à l’abscons, on oublie que nos pères nous incitaient à respecter nos pairs… Plus je vieillis et plus j’aime les vieux, leur bon sens, leur sagesse et leur expérience doublée d’expertise… Sans pour autant adhérer à leur détresse : ils ont mal partout, et surtout aux autres. Donc sois mignon, ô Santa, de faire en sorte que les jeunes dont l’avenir est terni par un regard voilé ne leur marchent pas trop sur les pinces, le grand remplacement ne pouvant fonctionner quand l’aîné est en surnombre. Amène-moi surtout, Saint-Nicolas, un peu de valeurs d’hier. Parce que je n’aimerais pas que celles de demain soient basées sur les actuelles. Sur ce point précis, une idée : expliquer à tous ceux que tu auras gâtés, le matin du 25 décembre, que le secret réside dans le respect de la laïcité. Tu en es le meilleur porte-parole puisque tu as su faire de ta neutralité une règle et l’imposer à tous les enfants devenus égaux devant ta loi. Laquelle consiste, si j’ai bonne mémoire, à être sage, éviter d’être jaloux, ne pas faire trop de bêtises, obéir à ses parents et bien travailler… Curiosité mondiale que cette trêve hivernale quasi généralisée qui prône ponctuellement l’action vertueuse pour légitimer l’exaction pérenne. Je le dis à mes garçons : bien se comporter, c’est un boulot à l’année. Un effort constant et renouvelé. à la maison, en société, au travail. Quand on peut se regarder en face, il est autrement facile de regarder les autres dans le blanc des yeux. Tu seras gentil, Père Noël, de bien respecter ma liste : le problème avec les vœux pieux, c’est qu’ils frappent souvent en plein cœur…
Frédéric Lardenois
 

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